Dernière mise à jour le 28 août 2023

Il y a quelques jours nous rencontrions Lise Slimane, fondatrice de La Minute Freelance, dans nos locaux. Le temps d’une matinée elle a accepté de jouer au jeu des questions réponses avec Laurent de la Team Numbr.
Découvrez le résultat de cet échange 🙂

Et si je quittais le salariat pour devenir freelance ?

L’éducation conventionnelle forme principalement au salariat, pas à l’entrepreneuriat. Pourtant, l’économie freelance est en plein
développement.

Pour s’adapter et réussir face à cette mutation du monde du travail, il est nécessaire de compléter sa formation par des compétences clés : vente, marketing, productivité, personal branding ou encore techniques de négociation …

C’est de ce constat qu’est née La Minute Freelance, une école en ligne dédiée au futur du travail. À l’offre de formation s’ajoutent des prestations de conseil et coaching pour les indépendants mais aussi pour leurs clients.

En effet, cette transformation de l’économie ne peut être réussie qu’en impliquant toutes les parties prenantes.

À l’origine de cette initiative, une CFO d’un nouveau genre : Lise Slimane est Chief Freelance Officer depuis 5 ans. Elle a d’abord géré des centaines de freelances pour son agence de sous-titrage en ligne. Une fois cette société revendue, elle a été contactée par des startups, grands groupes et freelances pour leur apprendre comment tirer le meilleur de ce mode de collaboration en plein essor.

Selon Lise, la liberté n’a pas à être chèrement payée. L’économie freelance bien que présentée comme précarisant les travailleurs – est en fait un rêve pour tous ceux qui souhaitent ajouter plus de flexibilité, variété et autonomie dans leur environnement professionnel.

Quelles sont les plus gros écueils pour un freelance ?

En général, les freelances rencontrent des difficultés pour :

  • gérer les aspects administratifs et comptables de leurs activités,
  • maîtriser leurs temps (productivité, régularité des efforts, équilibre vie pro – vie perso…),
  • trouver des clients et des missions intéressantes (et cela de façon régulière),
  • sortir de l’isolement et de la solitude liée à ce mode de travail indépendant.

La première étape consiste à prendre conscience de ses propres limites, et de les surmonter en se faisant accompagner.

Vouloir tout porter seul, c’est la voie la plus rapide vers le burn-out, la perte de motivation ou encore la stagnation de son activité.

Pourtant, les opportunités pour se faire aider sont nombreuses. L’économie freelance se développe à grande vitesse. En réponse, une belle offre de services soutenant les indépendants a vu le jour.

Groupes d’entraide (en ligne ou en présentiel), blogs, livres, formations, logiciels, mentorat, coaching ou externalisation de certaines fonctions de son activité (comptabilité, visibilité en ligne, juridique…)… Les bonnes solutions existent. Il suffit de faire un petit travail de recherche pour trouver chaussure à son pied.

À mon avis, les freelances hésitent à sauter le pas et à se faire accompagner parce que cela requiert un investissement (en temps et/ou en
argent).

Il y a bien entendu une réalité : celle des difficultés budgétaires, surtout au démarrage.
Il faut essayer de dépasser ce frein, car il existe toujours des solutions. Troc de compétences avec d’autres freelances, prise en charge financière de ses formations, maintien de ses allocations chômages (mécanisme de l’accre – arce – are), prêts d’honneur au démarrage de son activité…

Comment les éviter ?

J’invite les freelances à remplacer la phrase “je ne peux pas me le payer” par “comment puis-je m’offrir ce soutien ? “ Parfois, il suffit de changer de perspective pour débloquer une situation.

Autre conseil que j’apporte aux freelances débordés : pour réussir, il faut réfléchir comme un investisseur et mettre un prix sur une heure de son temps. Cela permet de faire un arbitrage rapidement lorsqu’on se demande si l’on doit externaliser une tâche ou la réaliser soi-même.

Prenons un exemple : si un freelance passe une journée par mois à faire sa comptabilité seul, et que son TJM (taux journalier moyen) est de 400€, alors il a plutôt intérêt à externaliser ce service pour gagner non seulement du temps mais aussi une tranquillité d’esprit et plus de disponibilité pour des clients ou son démarchage commercial.

Enfin, il est important de nourrir sa curiosité, son expertise métier et ses compétences entrepreneuriales tout au long de son activité pour garder une longueur d’avance sur son marché et sortir du lot.

Étant freelance toi même, as-tu un exemple personnel à nous partager sur une difficulté rencontrée ? Et comment as-tu fait pour la surmonter ?

Au début de mon aventure entrepreneuriale, j’avais très peur de dire “non” et de laisser passer des contrats.

J’acceptais des conditions ou des missions qui ne me convenaient pas. La raison ? J’avais besoin d’argent (je craignais de ne rien trouver de mieux). De plus, je me sentais coupable de laisser tomber des clients qui avaient vraiment besoin de moi.

Au final, j’étais véritablement en souffrance lorsque je travaillais pour ces projets. La procrastination était au rendez-vous, je me sentais vidée de toute énergie, j’étais peu valorisée… Seule l’intégrité me poussait à réaliser ce pour quoi je m’étais engagée, et il me fallait des jours pour me remettre de ces missions.

Ces expériences étaient nécessaires à mon développement. J’ai compris que je ne voulais pas de contrats “à tout prix” et que j’avais aussi le droit, en tant que freelance, de choisir mes clients !

Ce qui m’a beaucoup aidé, c’était d’avoir de l’argent de côté. Depuis que j’ai de la trésorerie, je n’accepte que les contrats alignés. C’est purement psychologique, mais cette sécurité me permet vraiment de créer des partenariats “win-win” avec mes clients.

Je recommande toujours aux indépendants d’avoir, par sécurité, plusieurs mois de trésorerie de côté. Cela évitera bien des tracas lors de pivots dans l’activité, de retards de paiement de la part des clients ou de ralentissement des commandes tout simplement.

Enfin, j’ai aussi réalisé que faire une mission à contre-coeur n’est pas un cadeau pour mes prospects. Lorsque je ne peux pas les aider, je les dirige vers d’autres ressources. Ce refus relève parfois simplement de mon intuition, et j’ai appris qu’il valait mieux l’écouter : elle se trompe rarement !

Tu as construit une offre d’accompagnement pour les freelances ? Que leur apportes-tu ?

J’ai créé La Minute Freelance – une école de vente dédiée aux indépendants.

Les freelances qui viennent vers moi sont talentueux, mais ils ont l’impression que personne ne les remarque. Ils ne sont pas valorisés, ont du mal à convaincre leurs prospects et/ou à obtenir une rémunération satisfaisante pour leurs services.

Bien souvent, ils perdent confiance en eux. Les doutes s’installent, notamment la peur de ne pas y arriver. Ces indépendants finissent par se ranger eux-mêmes dans des catégories : mauvais en négociation, nul en vente, etc…

En réalité, ils n’aiment pas vendre parce qu’ils n’y arrivent pas. Ils ont associé cela à une tâche épuisante.

J’ai construit un accompagnement autour de ce constat, et d’un seul objectif : celui d’obtenir des résultats pour re-motiver et redonner confiance. En effet, il est impossible de ne pas tomber accro au développement commercial lorsqu’il devient facile, stimulant et qu’il
fonctionne !

Je propose donc aux freelances de se réconcilier avec la vente en apprenant des techniques commerciales éthiques, efficaces et alignées avec ce qu’ils aiment faire.

Pour prendre en compte le niveau individuel de chaque freelance et servir tout le monde, je propose de nombreux contenus gratuits (articles de blog, Ebook…), des formations en ligne et un coaching personnalisé.

Petit bonus : La Minute Freelance étant un organisme de formation datadocké, les cursus sont éligibles à des financements. Les freelances l’oublient souvent, mais ils ont le droit, comme tous les actifs, à des prises en charge de leurs formations.

Tu as également une offre corporate à destination des entreprises faisant appel à des freelances. Quelles sont les erreurs les plus communes d’une société faisant appel à des indépendants ?

En effet, j’aide les entreprises à acquérir la compétence de Chief Freelance Officer en interne. Concrètement, je les guide pour trouver, intégrer, gérer et fidéliser les meilleurs talents en freelance.

L’erreur la plus courante côté entreprise ? Transposer les mécanismes du salariat vers leurs collaborations avec des freelances.

Cela se manifeste généralement de la façon suivante : les freelances sont recrutés pour “combler” un besoin de main d’œuvre en interne. L’indépendant n’est pas invité à apporter son expertise. À la place, on lui impose un existant fort, et on lui demande de faire le job !

Il est dommage de se priver de la pro-activité et du regard nouveau et agile d’un prestataire externe. Il est pour autant possible d’associer des indépendants à sa culture d’entreprise, à ses équipes internes et à ses objectifs, tout en leur laissant de larges espaces d’expression. C’est un des axes de ma formation.

Autre point de friction fréquent : le budget alloué à la mission. Certains clients  notamment ceux qui n’ont connu que le salariat – ne prennent pas en compte les différentes charges qu’un freelance doit supporter.

Le taux horaire d’un entrepreneur inclus son temps de prospection, ses
congés, sa formation, ses cotisations sociales, impôts et de nombreuses
autres dépenses (matériel informatique, mutuelle, etc…).

Par conséquent, le budget proposé est parfois maladroit, même pour des clients pensant bien faire.

Pour y remédier, je conseille aux freelances de bien maîtriser leurs taux journaliers et de n’accepter que ce qui est “rentable” pour eux. J’ai d’ailleurs créé une calculatrice en ligne qui permet de savoir combien facturer.

Cet outil a rapidement gagné un franc succès, non seulement auprès des indépendants mais aussi de clients soucieux de proposer des budgets réalistes et motivants.

Comment réagir face à cela quand on est freelance ?

J’invite les freelances à ne rien prendre personnellement et à adopter une démarche pédagogue.

De façon générale, j’invite les indépendants à structurer au maximum leurs collaborations avec leurs clients. Il faut oser affirmer son leadership et son expertise, en prenant la main sur le déroulé de la mission.

De plus, il ne faut pas hésiter à relancer les clients en cas de question ou retard, et cela autant de fois que nécessaire. Laisser une situation en suspens, c’est risquer des incompréhensions.

Mieux vaut se protéger en mettant le maximum d’éléments à l’écrit, dans un contrat, des comptes rendus de réunions ou des e-mails. Les clients apprécient d’autant plus ce type de clarté.

Enfin, en cas de blocage sur les tarifs, il peut être nécessaire de rappeler la différence entre rémunération et chiffre d’affaires.

Pour conclure notre interview sur quelque chose de positif, peux-tu nous dire ce que tu aimes dans ton quotidien de freelance ?

J’apprécie la diversité de ma vie professionnelle et personnelle.
J’ai l’impression d’apprendre constamment au fil de mes collaborations avec
mes clients et la communauté La Minute Freelance : c’est très stimulant. Je suis aussi nomade digitale, je parcours le monde tout en travaillant.
Aucune journée ne ressemble à une autre. Je me sens utile aux autres et épanouie à la fois.

J’aime la possibilité de faire évoluer mon métier et mon offre dès que j’ai envie de changement. Chaque jour, je peux choisir de transformer mon activité et de redonner du sens à ce que je fais.

 

 

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